La Renouée du Japon
Cette grande plante vigoureuse a des tiges creuses érigées, rougeâtres, semblables à des cannes de bambou, de 1 à 3 m de haut.
Sa croissance peut être de 1 à 8 cm par jour, elle peut donc atteindre sa hauteur maximale de 4 mètres en 2 mois au printemps.
C'est une plante géophyte à rhizome. Les feuilles inférieures largement ovales-triangulaires atteignent 15-20 cm de long et sont brusquement tronquées à la base. Elles sont alternes.
Les tiges aériennes meurent l’hiver et seuls persistent des bourgeons souterrains et/ou au ras du sol.
Au printemps (mars-avril), les bourgeons proches de la surface du sol apparaissent, des jeunes tiges deviennent alors visibles et croissent très rapidement en hauteur (4–5 cm par jour).
Une fois leur hauteur maximale atteinte, les tiges se ramifient.
La formation des feuilles continue jusqu'à la fin de l’été et la floraison intervient tardivement, en septembre - octobre.
Quelques semaines plus tard (début novembre), les feuilles tombent massivement et les tiges aériennes meurent peu après.
Les petites fleurs blanches sont disposées en panicules à l'aisselle des feuilles.
Elles comportent 5 tépales persistants, 8 étamines et 3 styles.
Le fruit est un akène de 2-4 mm de long.
Pollinisées par les insectes, les fleurs fournissent une source intéressante de nectar à une époque de l’année où elles se font très rares.
En France, les graines sont peu fertiles et la dispersion de la plante par les graines est donc peu efficace.
La reproduction se fait surtout par multiplication végétative par l’intermédiaire de longs rhizomes, de fragments de rhizomes dispersés (un fragment de 10 grammes de rhizome suffit à régénérer la plante) ou de boutures de tiges.
La Renouée du Japon est considérée comme gynodioïque : elle comporte des individus mâles-stériles et des individus hermaphrodites.
La renouée du Japon affectionne les zones alluviales et les rives des cours d’eau où l’humidité et la richesse nutritive du substrat lui permettent d’avoir une croissance optimale, conduisant à des peuplements monospécifiques.
Elle peut former de larges fourrés denses.
On la trouve aussi dans les milieux rudéralisés (bords des routes, alentours des jardins, terrains abandonnés).
Plante pionnière acidocline à neutrocline, colonisant les pentes de volcans dans son aire d'origine, et les monticules de cendres issues des centrales thermiques à charbon dans son aire d'introduction, elle tolère pratiquement tout type de sol.
Elle est largement répandue en Europe occidentale et centrale.
Elle a colonisé l’ensemble de la France.
De nombreuses plateformes de compostage refusent les déchets verts issus des fauches ou des arrachages de renouées en raison des risques élevés de dissémination.
Des études menées ont permis d'étudier objectivement la survie des renouées du Japon, dans le contexte particulier de la plateforme de Grand Chambéry (durée de production du compost de 8 mois, deux retournements mécaniques et des températures élevées à l'intérieur du tas, de l'ordre de 70 °C, le premier mois, puis de plus de 55 °C pendant plusieurs jours consécutifs après chaque retournement, impossibilité de mélanger les produits présentant différents niveaux de maturation…).
Les résultats concluants (avec aucun risque de retrouver des diaspores vivantes de renouées dans le produit final) sont cependant à modérer dans d'autres contextes de compostage le plus souvent moins poussés.
Considérée comme une plante très décorative, elle a longtemps été introduite dans beaucoup de jardins et vendue par des jardineries.
Dépourvue de prédateurs locaux et de compétiteurs, elle s'est avérée très invasive et donc défavorable à la biodiversité.
Très rapide, sa progression se fait au détriment de la flore locale (comme l'angélique des estuaires, endémique de quelques estuaires), mais aussi de la diversité en vertébrés et surtout d'invertébrés (abondance totale diminuée en moyenne d’environ 40 % sur les cours d'eau inventoriés, avec un nombre de groupes d’invertébrés diminué de 20 à 30 %).
Ceci expliquerait que, comme d'autres plantes invasives, la renouée fasse reculer les populations d’amphibiens, reptiles, et oiseaux ainsi que de nombreux mammifères des habitats ripicoles, car ces derniers dépendent directement ou indirectement des espèces herbacées autochtones et/ou des invertébrés associés pour leur survie.
Les méthodes de lutte associent des mesures préventives et des mesures d'élimination ou compensatoires.
Les techniques préventives regroupent toutes les mesures permettant d'éviter la dispersion volontaire ou involontaire de la plante, ou son implantation sur un site (destruction précoce de la plante avant son enracinement).
Avant de s'engager dans des programmes de lutte, il est indispensable d'évaluer à quel stade d'invasion se trouve la plante.
Dans la Drôme, l'Hérault, en Savoie et dans la Loire, des campagnes pédestres annuelles dites de «déterrage précoce» (réparties de 2001 à 2018 selon les bassins versants) ont été mises en place pour détecter et éliminer rapidement des nouvelles plantes de renouées issues de fragments végétatifs arrachés en période de crue, transportés par l'eau et déposés en aval.
Les retours d'expérience de cette gestion menée le long des petits et moyens cours d'eau à écoulements rapides et sur le pourtour d'un lac montrent que cette technique douce a l'avantage d'être à la fois peu coûteuse et efficace pour ralentir la dissémination des renouées asiatiques.
La plante est très difficile à éradiquer, notamment en période végétative, car elle est capable de réparer très rapidement (en quelques jours) ses tissus endommagés.
S'attaquer à sa partie aérienne (tiges et feuilles) n'empêche pas la survie de la partie vivace enterrée dans le sol.
De plus, les fauches peuvent favoriser la dispersion de la plante puisque les tiges coupées se bouturent très facilement.
L'extraction de tous les rhizomes est fastidieuse et illusoire, car leur densité dans le sol est très importante.
De plus, il suffit d'un fragment de rhizome portant un bourgeon pour régénérer la plante.
Les débris végétaux issus de cette élimination ne doivent pas être compostés mais incinérés pour prévenir un fort risque de reprise de végétation, et donc de dissémination.